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Iran-Afrique 2025 : un sommet de la souveraineté et de la Résistance  

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)

Par Amir-Khosrow Fathi

Le sommet Iran-Afrique 2025 s’est tenu en prélude à l’Iran Expo 2025, une grande exposition économique et industrielle organisée du 28 avril au 2 mai à Téhéran. Le sommet, qui a eu lieu le 27 avril, a marqué l’ouverture de cette édition, avec un accent stratégique mis sur la coopération avec le continent africain. 

La République islamique d’Iran a accueilli plus de 700 représentants venus de 38 pays africains pour participer au troisième Sommet de coopération économique Iran-Afrique. Ce sommet, ignoré ou minimisé par la plupart des médias occidentaux, marque pourtant un tournant stratégique dans les relations Sud-Sud et dans l’affirmation d’un nouvel ordre mondial fondé sur la souveraineté, la coopération équitable et la résistance aux diktats impérialistes. 

Malgré les sanctions étouffantes imposées par les États-Unis et l’Union européenne, malgré les tentatives continues d’isolement diplomatique, l’Iran démontre une fois de plus sa résilience et sa capacité à construire des partenariats solides, notamment sur le continent africain. Là où beaucoup de pays occidentaux n’offrent que conditionnalités, dette et ingérence, la République islamique d’Iran propose des relations fondées sur la complémentarité, le transfert de savoir-faire, de technologie, le commerce équitable et la coopération stratégique. 

Une Afrique en mouvement, une République islamique d’Iran en phase 

Ce sommet Iran-Afrique de 2025 n’est pas le fruit du hasard ni une simple formalité diplomatique. Il est le reflet d’un changement de paradigme historique, un renversement du logiciel postcolonial sur lequel s’appuyaient jadis les rapports entre l’Afrique et le monde extérieur. L’Afrique d’aujourd’hui n’est plus celle des décennies passées : soumise, divisée, appauvrie et réduite à quémander. Elle se redresse, s’organise, forge sa parole souveraine. Et face à cette nouvelle Afrique, l’Iran se présente non pas comme un donneur d’ordres, mais comme un partenaire naturel, solidaire et respectueux. 

Depuis plusieurs années, les peuples africains et leurs nouvelles élites politiques — notamment dans des pays comme le Burkina Faso, le Mali, le Niger, l’Éthiopie, la Guinée ou encore la République centrafricaine — expriment un rejet de plus en plus net de la tutelle occidentale. Ce rejet ne se fait pas dans la haine, mais dans la recherche d’une alternative, dans une volonté assumée d’écrire un nouveau chapitre fondé sur la dignité, l’autonomie et la coopération équilibrée. 

Ce mouvement n’est ni idéologique ni circonstanciel : il est stratégique. Il répond à une prise de conscience collective que la véritable indépendance n’est pas politique uniquement, mais aussi économique, culturelle, monétaire, technologique et diplomatique. 

C’est dans ce contexte que la main tendue de l’Iran prend tout son sens. La République islamique d’Iran a, depuis plus de quatre décennies, fait le choix de la souveraineté, même au prix de lourdes sanctions, de guerres hybrides, de sabotages et d’isolement orchestrés. Pourtant, elle est debout. Mieux encore, elle investit, elle fabrique, elle exporte, elle soigne, elle construit. La République islamique d’Iran ne propose pas à l’Afrique des prêts toxiques conditionnés par le FMI ou la Banque mondiale, mais des partenariats d’État à État, entre égaux, centrés sur les besoins concrets des peuples. 

Un point souvent ignoré, mais fondamental, réside dans la spécialité de l’Iran dans la transmission du savoir et de la connaissance. Depuis la Révolution islamique, Téhéran a mis en place un système éducatif et scientifique indépendant, formant des milliers d’ingénieurs, de médecins, de chercheurs et de techniciens, tout en produisant ses propres innovations, souvent en rupture avec les standards imposés par l’Occident. En proposant aux pays africains des coopérations basées sur le transfert de connaissances et la formation locale, l’Iran agit non comme une pétromonarchie clientéliste, mais comme un véritable allié de souveraineté.

Ce choix de transmettre plutôt que de dominer est un acte politique puissant. Il signifie : « vous êtes capables par vous-mêmes ». En cela, l’Iran redonne aux pays africains la maîtrise de leurs outils, de leur savoir-faire et de leurs ressources humaines. C’est là une des marques les plus profondes du respect de la souveraineté. 

C’est ainsi que des pays africains ont pu bénéficier du savoir-faire iranien dans la construction d’hôpitaux, la distribution de médicaments génériques à bas coût, le développement de projets agricoles autosuffisants, ou encore dans la formation en ingénierie, en technologie ou en médecine ou encore dans la formation en ingénierie, en technologie ou en médecine. Là où certains n’offrent que des bases militaires ou des accords léonins pour piller les ressources, l’Iran propose des unités de production, des usines de transformation, des laboratoires pharmaceutiques et même des formations militaires. 

Le sommet de 2025 a vu la participation active de représentants africains de poids : ministres du Commerce, de l’Agriculture, de la Santé, présidents de Chambres de commerce, directeurs d’agences de développement. Ces délégations ne sont pas venues en spectateurs, mais en acteurs d’un avenir commun. Des protocoles d’accord ont été signés dans les domaines suivants : 

– La production et distribution de vaccins et médicaments abordables en Afrique, à partir de technologies iraniennes ; 
– Le développement minier et métallurgique, avec transformation locale des matières premières plutôt qu’exportation brute ; 
– Des projets agricoles innovants, avec l’introduction de techniques d’irrigation iraniennes éprouvées dans des environnements arides similaires à ceux du Sahel ; 
– Des partenariats universitaires et technologiques dans des domaines comme les nanosciences, les énergies renouvelables et l’électronique. 

Cette Afrique en mouvement est donc résolument tournée vers l’avenir, mais elle le fait en redéfinissant les termes de ses alliances. Elle cherche des partenaires qui ne veulent pas dominer, mais coopérer. Elle cherche des modèles de développement qui respectent ses spécificités, ses cultures, ses langues et ses priorités. Et la République islamique d’Iran répond à cette attente par une diplomatie de la résistance, mais aussi de la construction. 

Enfin, notons que cette convergence ne repose pas uniquement sur des intérêts économiques. Elle est aussi porteuse d’un message géopolitique profond : celui d’une solidarité entre peuples libres face à un monde encore dominé par l’injustice, la confiscation des richesses et la logique de soumission. Iran et Afrique ne veulent plus être les objets d’un ordre mondial unipolaire. Ils aspirent à en devenir les architectes. 

Perspectives stratégiques de l’alliance Iran-Afrique : vers un nouvel axe de la Résistance Sud-Sud 

L’alliance qui se dessine entre la République islamique d’Iran et un nombre croissant de pays africains ne se limite pas à une série de contrats ou à une coopération technique ponctuelle. Elle porte en elle les germes d’un basculement profond de l’équilibre mondial, à travers l’émergence d’un axe Sud-Sud puissant, structuré et résilient, capable de défier les logiques unipolaires imposées depuis la fin de la guerre froide. 

L’un des piliers de cette stratégie à long terme réside dans la création de corridors commerciaux alternatifs, en dehors du système financier dominé par le dollar et les institutions occidentales. Grâce à ses alliances avec la Russie, la Chine, le Venezuela, la République islamique d’Iran développe déjà des circuits de commerce, de financement et de logistique indépendants. En intégrant les pays africains à ces circuits, il permet à ces États d’échapper au chantage occidental et de commercer librement. 

Des mécanismes comme le troc stratégique (énergie contre produits agricoles ou médicaux), l’usage de monnaies locales ou encore la mise en place d’une chambre de compensation Sud-Sud sont à l’étude.

Ils permettront de s’affranchir du système SWIFT, de contourner les embargos bancaires et de stabiliser les relations commerciales sur le long terme. 

Sur le plan géopolitique, la République islamique d’Iran et plusieurs pays africains partagent un diagnostic commun : celui d’une domination occidentale en déclin, mais encore active et agressive. L’un des objectifs implicites de leur rapprochement est donc de constituer un front uni contre les ingérences, les coups d’État déguisés, les bases militaires étrangères, et l’assujettissement monétaire, à l’image du franc CFA. 

Ce front peut évoluer en une alliance politique de fait, voire institutionnalisée à travers des fora multilatéraux communs. Il pourrait s’inscrire dans les logiques des BRICS+ ou dans une « Organisation des Nations du Sud » qui redéfinirait les priorités en matière de sécurité, de développement et de diplomatie, à partir des besoins réels des peuples. 

Transfert de savoir-faire, de technologique et autosuffisance industrielle 

L’un des points les plus prometteurs de cette alliance réside dans le transfert de savoir-faire iranien vers l’Afrique, dans des domaines clés comme la fabrication locale de médicaments, de vaccins et d’équipements médicaux, l’ingénierie agricole et hydraulique adaptée aux zones arides, les nanotechnologies, les énergies renouvelables, et les infrastructures de télécommunications ; la défense stratégique et les industries duales (civiles et militaires). 

Ce transfert ne se limite pas à une logique de commerce ou d’investissement, mais s’inscrit dans une véritable volonté d’autonomisation industrielle des pays africains. La République islamique d’Iran, ayant lui-même développé une capacité d’innovation endogène malgré les sanctions, sert ici de modèle concret. Les usines de fabrication de médicaments génériques, les laboratoires mobiles, les systèmes d’irrigation intelligente et les microcentrales solaires qu’il propose à ses partenaires ne sont pas simplement des produits à exporter : ce sont des technologies transférables et adaptables, destinées à être reproduites localement. 

Des programmes de formation accompagnent souvent ces transferts, allant de l’envoi d’experts iraniens à la création de centres de recherche conjoints, en passant par la bourse d’études dans des universités techniques iraniennes. Cela permet non seulement de bâtir des infrastructures physiques, mais aussi de renforcer les capacités humaines dans les pays partenaires, en particulier auprès de la jeunesse africaine. 

L’objectif stratégique est double : atteindre une autosuffisance croisée entre pays du Sud et créer des pôles de production décentralisés pour réduire la dépendance vis-à-vis du monde occidental, tout en assurant une véritable souveraineté technologique. À terme, cela pourrait ouvrir la voie à une coopération triangulaire entre pays africains, sur la base d’un savoir-faire partagé grâce à la République islamique d’Iran, contribuant ainsi à bâtir un réseau industriel Sud-Sud robuste, solidaire et durable. 

Au-delà de l’économie et de la géopolitique, cette alliance porte une charge symbolique forte. Elle redonne une voix aux civilisations anciennes, aux peuples qui ont été écrasés par la colonisation, marginalisés par la mondialisation néolibérale et caricaturés par les médias dominants. 

La République islamique d’Iran, avec sa tradition de résistance, de culture et de spiritualité, offre un miroir dans lequel l’Afrique peut se reconnaître : un peuple ancien, blessé, mais debout. Ensemble, ces nations peuvent reconstruire un récit commun, valoriser leurs savoirs endogènes, leurs langues, leurs arts, et porter une diplomatie des peuples libres, affranchie du racisme systémique et du mépris historique. 

Enfin, à plus long terme, cette alliance pourrait déborder sur le champ de la sécurité stratégique. On voit déjà certains signaux émerger : coopération militaire, soutien à la formation de forces de défense locales, partage de renseignements, aide à la lutte contre le terrorisme ou les cyberattaques.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV